Mardi 20 avril
Dans un anachronisme honteux j’ai toujours pensé que la princesse de Clèves était une cruche soumise aux convenances et qu’elle aurait dû céder aux avances du duc de Nemours. Mais je comprends soudain les choses autrement, et il est possible de croire que ce qu’elle a fui en se refusant à lui, c’est son propre amour. Sa démesure. Ce n’est pas du regard des autres ni de l’homme qu’elle aimait qu’elle a eu peur, mais d’elle-même. Car un amour pareil, d’une puissance inconcevable, ce n’est pas humain. Un tel vertige. Un tel vertige pourrait tout dévaster en elle. Un tel vertige pourrait tout dévaster.