Vendredi 18 juin
« Il n’y avait toujours pas de divorce et l’on était loin de s’attendre à le voir un jour réapparaître, à l’époque où Eduardo Muriel et sa femme se marièrent, une vingtaine d’années avant que je ne m’immisce dans leur vie ou plutôt qu’ils ne traversent la mienne [..] » (Javier Marías, Si rude soit le début)
Suite du billet précédent.
Il suffisait donc que je m’ôte de la tête que le narrateur, la narratrice en l’occurrence, serait celle qui confie ce qui leur est arrivé à elle, à son mari et à d’autres, et en faire un simple intermédiaire par lequel le récit du passé (récit B) pourrait se faire jour.
Dans cette perspective, la trame de A me semble à présent bien plus ouverte. Il devient plus facile d’imaginer différentes occasions de faire se déployer des discours de natures diverses : ainsi mon narrateur (ou pourquoi pas ma narratrice, mais alors ce serait bien un autre personnage féminin que celui, techniquement et jargonneusement intradiégétique à B et à A, auquel je pensais au départ) peut-il devenir un interlocuteur, occasionnel ou régulier, des protagonistes (le mari, la femme, les deux, des proches) ; mais aussi le témoin de discussions auxquelles il ne prend pas part ; ou encore, s’il se trouve plus franchement engagé dans la recherche de la vérité, peut-il interroger, obtenir des indices et parfois même, des réponses. En choisissant un narrateur qui ne sait rien de B quand A commence, un personnage qui doit mener une enquête pour savoir ce qu’il en fut, j’évite le narrateur bavard, j’échappe à la fatalité du monologue et à ses avatars, un monde s’ouvre, je respire.
Un commentaire sur “62 – eurêka (notes7)”