Mardi 11 octobre
On saisit soudain, parmi mille autres petites fulgurances aussi belles que furtives, quel aboutissement a inventé Jean-Luc Godard (JLG) ; de quelle évidence il a permis l’épiphanie par sa juxtaposition systématisée de la langue et de l’image – juxtaposition qu’il nomme le langage.
Car Mitra Farahani, dont j’avais déjà salué l’excellent précédent film, s’inscrit dans ce sillage. Elle nous fournit en quelque sorte la preuve par l’application. À vendredi, Robinson, sorti en salle il y a quelques mois et tout juste offert à la vue de chacun, sans doute à l’occasion de la mort de l’un de ses protagonistes, est un hommage fourmillant, flamboyant malgré sa matière pour le moins crépusculaire, au langage godardien.
Un lumineux hommage
à son
LanGaJ.
Il faut donc voir ce documentaire, absolument. J’aimerais y réfléchir (et en parler) davantage, à commencer par la méthode du maître (étonnamment facétieux), qui n’est pas autre chose qu’un art de la citation, un art de la référence – méthode qui réjouit en même temps qu’elle agace. N’en suis pas capable pour le moment. D’ailleurs,
Les pas dans les feuilles fracassent l’ouïe.
Mais peu importe.
Les images pensent, pourrait-on dire : d’elles-mêmes.