Jeudi 16 septembre
« Il n’y a pas de sans-frontiérisme, il y a que le marchand veut écouler sa camelote. Pour ça il a besoin d’un marché. Si la demande intérieure baisse, il lorgne sur le marché d’à côté et se démène pour qu’il s’ouvre. Remettons l’envers à l’endroit : c’est parce qu’il a besoin que ses marchandises passent les frontières qu’il prône leur ouverture, rhabillant au passage sa voracité planétaire en ode au nomadisme, à l’ouverture, au progrès, à la 5G. » (François Bégaudeau, Notre joie)
« Malgré ses nombreux succès dans la télématique, et son statut d’entrepreneur prodige, Pascal avait peur de lanquer la révolution Internet. Il avait djà vongt-six ans. En économie comme en aastronomie, les conjonctions propices étaient rares, et les fenêtres de tir se refermaient très vite.
C’est donc avec une certaine précipitation que Pascal lança le 3615 INTERNET, la première interconnexion commerciale entre le Minitel et Internet. Ce service, qui permettait d’échanger des courriers électroniques dans le monde entier, resta cependant le plus confidentiel des produits d’Ithaque.
Alors que les activités commerciales sur Internet, rassemblées sous le nom de domaine « .com » étaient encore à ce stade embryonnaire, […] il n’existait en réalité qu’une manière de rendre Internet profitable à Ithaque : c’était, en se tenant légèrement en retrait de la bataille principale, de vendre à des particuliers et à des entreprises des accès au réseau. Sur ce marché émergent, la concurrence était encore infime. » (Aurélien Bellanger, La théorie de l’information)
Il y a chez les deux auteurs (F. Bégaudeau et A. Bellanger) cette clarté commune, cette sèche connaissance des situations économiques et des motivations patronales. Elle est d’autant plus aimable qu’elle reste rare, car trop souvent polluée justement par l’éternel discours sur les valeurs (en réalité toujours changeantes, a posteriori et opportunistes) asséné par les libéraux. Heureuse surprise des lectures simultanées.